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Le Cid
Le Cid, c’est d’abord une lutte de générations et l’histoire de deux jeunes gens face aux héritages, aux lois sociales, aux codes familiaux, face à leur histoire. Comment ne pas évacuer les contraintes de l’âge baroque et la convention inhérente ? Car si l’on meurt en coulisses, c’est pour qu’aient lieu les récits de ces combats. Et si l’alexandrin est un corset, une armure plutôt, c’est pour mieux garantir la posture héroïque qui fait foin de la psychologie mais définit durablement un code de l’honneur qui pourrait s’appeler aujourd’hui la loyauté ou le courage. S’il faut éviter d’être coincé entre le respect béat et la subversion bébête, il faut décoller de la tradition, la revivifier, pour, ensuite, retrouver la narration. L’exaltation de la fête dans ce qu’elle a d’essentiel, la bravoure à l’état brut, le courage naturel, cela aussi, c’est le chant profond des Espagnes que crie l’alexandrin. Les alexandrins cornéliens sont un sport circassien où l’émotion ne trouve son compte qu’à force d’abandon. Corneille est un guérillero de l’imagination, toujours ingénieux, souvent génial, parfois gênant. Le théâtre, c’est une larme et un sourire. Avec Le Cid, c’est un torrent de larmes et un rire tonitruant.
L’annonce faite à Marie
Au départ de L’Annonce faite à Marie, il y a comme un drame domestique
autour de la rivalité amoureuse de deux soeurs. Mais Violaine, l’aînée,
frappée de déchéance après un baiser donné à un lépreux, se retire du
monde pour mieux s’en rapprocher par des voies insoupçonnées et prêter
assistance à sa soeur. Claudel a l’intuition d’un « opéra de paroles »
et la réalité d’un « drame de la possession d’une âme par le surnaturel
». Offrir cette pièce au théâtre, aujourd’hui, nécessite un balancement
quasi imperceptible entre la parole et l’histoire, entre l’histoire et
le sens, entre le sens et la musique. Voilà pourquoi j’ai demandé au
compositeur Camille Rocailleux de créer, autour de la pièce, une
partition pour voix, les comédiens, et instruments, deux violoncelles et
un clavier. Pour travailler la confrontation entre une poésie brute et
terrienne et la présence d’un lyrisme marqué par la passion charnelle et
mystique.